OFFRE SPÉCIALE JAZZ / BLUES / GOSPEL 3,99 4,99   offre valable jusqu'au 30/04 minuit

NoviBlog
Coups de cœur 19 septembre 2017

Alice Sommer Herz : un destin exceptionnel (1ère partie)


Connaissez-vous l’histoire incroyable d’Alice Sommer Herz? Décédée en 2014, à l'âge de 111 ans, elle était la plus âgée des survivantes de l’Holocauste. Cette pianiste virtuose témoigna tout au long de son existence d’un optimisme impérieux et d’une foi inébranlable en la vie. Dans les périodes les plus sombres de son existence, Alice puisa sa force et sa raison de vivre dans la musique. Elle fut en effet, l’une des rares survivantes du camp de concentration de Terezin car le piano lui sauva la vie…

Alice Sommer Herz : un destin exceptionnel (1ère partie)
f t

Les années d'insouciance

Alice Sommer-Herz naît le 26 novembre 1903 à Prague en Tchécoslovaquie dans une famille d’intellectuels. Elle a deux frères et deux sœurs. Les enfants Herz grandissent au milieu des esprits créatifs les plus en vue de l’époque. Mahler et Kafka sont d’ailleurs des amis de leurs parents.Très tôt, Alice manifeste un talent certain pour le piano et prend ses premières leçons à l’âge de 7 ans, elle répète sans relâche et apprend chaque morceau par cœur. A 9 ans, elle interprète « Rêverie » de Robert Schumann, elle joue les valses de Chopin et les sonates de Beethoven. En plus d’être douée, Alice est une élève exemplaire qui a le goût de la perfection. Très vite, elle sort diplômée du Conservatoire allemand de Prague et donne ses premiers concerts avec l’Orchestre philarmonique tchèque. Sa carrière est lancée… Elle est déjà une pianiste reconnue lorsqu’elle épouse Léopold Sommer en 1931. Léopold est un homme d’affaire, mais avant tout un fin violoniste très cultivé et passionné de musique comme elle. En 1937, elle donne naissance à leur unique enfant Raphaël. C’est une période faste pour Alice, elle donne des cours de piano à de jeunes élèves et tous les week-end, son mari et elle passent du temps avec leurs amis, assistent à des concerts, jouent de la musique ou explorent les musées d’art de la capitale. Mais le monde tel qu’ils le connaissent n’allait pas tarder à disparaître…

Les années sombres

Le 15 mars 1939, les troupes de Hitler envahissent la Tchécoslovaquie et le rêve d’Alice bascule dans le cauchemar Les juifs de Prague sont persécutés et subissent les pires humiliations. En 1941, Léopold perd son travail dans l’import-export, Alice voit décroître rapidement le nombre de ses élèves et le petit Rafi n’a plus le droit de jouer dans le parc public de la ville parce qu’ils sont juifs. Tout leur est interdit et surtout la musique car c’est un luxe réservé aux non-juifs. Mais dans ces heures terribles, Alice continue de jouer même au péril de sa vie, malgré le risque de dénonciation car elle ne veut surtout pas oublier que « la musique est un rêve qui conduit loin… au paradis, sur une île de paix, de beauté et d’amour ».


Alice et Raphi 

La déportation

En 1942, la mère d’Alice et les parents de Léopold sont les premiers citoyens tchèques à recevoir leur feuille de route pour Terezin. Ils seront par la suite déportés à Treblinka d’où ils ne reviendront jamais. Le 5 juillet de la même année, Alice, Léopold et leur petit Rafi âgé de 6 ans sont à leur tour embarqués au camp de Terezin. Ils perdent toute identité et deviennent les prisonniers n° DE162, DE163 et DE164. Terezin n’est pas un camp comme les autres, antichambre d’Auschwitz, il sert de vitrine pour cacher au monde entier l’horrible vérité des camps de concentration. Il est présenté comme un lieu de villégiature où les musiciens, les écrivains et les peintres de renom peuvent vivre tranquillement la guerre dans des conditions de vie confortables. Mais la vérité est toute autre… Sur les 156 000 juifs déportés à Terezin, seuls 17 500 vont survivre dont Alice et sur les 15 000 enfants, seuls 93 survivront dont le petit Rafi.
Léopold et Alice sont séparés dès leur entrée dans le camp et 7 mois plus tard, le 2 février 1943, Léopold est déporté à Auschwitz. Pendant 2 ans il survit dans des conditions inhumaines. Hélas… alors que les Alliés approchent, il est transféré à Dachau et meurt de faim quelques jours avant la Libération. Alice, quant à elle, doit sa survie et celle de son petit garçon au piano. Au début, les prisonniers musiciens organisent des concerts clandestins dans les sous-sols, mais les allemands découvrent très vite le pot au rose et au lieu de les punir leur demandent de jouer en public. Quand ils jouent, les prisonniers affamés arrivent à oublier leur faim. Ils puisent dans la musique l’énergie de survivre. En réponse à la violence, ils font de la musique encore plus belle, encore plus intense et plus passionnée que jamais… Durant ses 2 années de détention, Alice donne plus d’une centaine de concerts pour ses codétenus et les soldats allemands. Elle avoue d’ailleurs que c’est à Terezin qu’elle a sans doute donné ses meilleures interprétations des sonates de Beethoven et de Schubert.

Découvrez dans notre prochain article comment le piano a véritablement sauvé Alice et Rafi de l'Holocauste...

Partager l'article

f t