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Coups de cœur 3 octobre 2017

Alice Sommer Herz : Un destin exceptionnel (2ème partie)


Alice Sommer Herz, grande pianiste tchèque est au sommet de son art lorsqu’elle et sa famille sont déportés au camp de concentration de Terezin où ils sont confrontés aux pires atrocités de la barbarie humaine. Unique espoir au milieu de cette noirceur macabre… le piano !

Alice Sommer Herz : Un destin exceptionnel (2ème partie)
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Le piano, un passeport pour la vie

Au cours d’un concert exceptionnel dans le camp de Terezin, un jeune soldat nazi reconnait en Alice la célèbre pianiste tchèque. Ému par sa musique, il lui fait la promesse solennelle qu’elle et son fils ne figureront jamais sur la liste des déportés pour Auschwitz. 
Bien des années après la Libération, on découvrira dans les archives une liste de déportations vers Auschwitz portant les noms d’Alice et Rafi avec les mentions spéciales « travailleuse utile » et « assistant indispensable ». Il était également précisé « Ne doivent être déportés sous aucun prétexte ». 
A Terezin, Alice garde foi en la musique, c’est elle qui l’aide à ne jamais perdre espoir et lui donne la force de sourire face à son petit garçon. Protéger son fils de 6 ans de toutes ces horreurs est sa priorité, sa « mission première ». Pour le préserver, elle invente toute une histoire autour du camp et se force à rire pour lui cacher sa peur. Rafi se sent en sécurité et conforté par l’optimisme et l’amour inconditionnel de sa mère, il résiste courageusement et survit à l'horreur…

L'exil

A la Libération, le 8 mai 1945, Alice et Rafi retournent à Prague. Seulement, les juifs qui reviennent des camps ne sont plus les bienvenus et font face à un puissant antisémitisme.
Alice prend alors une décision radicale et décide de s’exiler en Israël où vivent ses sœurs, déterminée à se construire une nouvelle vie. A 42 ans, elle apprend l’hébreu et gagne sa vie comme enseignante à l’Académie de Musique de Jérusalem où elle forme plusieurs générations de pianistes israéliens
Malgré tout, elle renonce à relancer sa carrière internationale préférant se consacrer à son fils et met un point d’honneur à ne plus jamais reparler de Terezin pour que Rafi oublie ces terribles années… 
Le jeune Rafi se montre aussi doué que sa mère pour la musique mais bien qu’il pratique le piano quotidiennement avec elle, il étudie le violoncelle et progresse à une vitesse fulgurante. Fasciné par le talent du jeune homme, le célèbre violoncelliste français Paul Tortelier le prend sous son aile et l’emmène poursuivre ses études en France au Conservatoire de Paris. 
Alice a 52 ans et pour la première fois de sa vie, elle doit se séparer de son fils… 
Rafi réussit brillament ses études. Il donne de nombreux concerts et sa carrière internationale s’envole. Au cours des années 60, Alice l’accompagne régulièrement en voyage pour donner des concerts de violoncelle et piano à travers toute l’Europe. Plus tard, Rafi obtient le poste de directeur du département de violoncelle au Royal College de Manchester en Angleterre où il s’installe définitivement avec sa femme et ses deux enfants. 
Inquiet de savoir sa mère seule à Jérusalem depuis le décès de ses deux sœurs, Rafi parvient à la convaincre de s’installer près de lui à Londres. Alice a 83 ans lorsqu'elle quitte Israël, cette terre d’accueil qui l’a vue renaître. 

Une nouvelle vie en Angleterre

De nature philosophe, Alice s’adapte rapidement à sa nouvelle vie en Angleterre. Elle apprend l’anglais aussi vite que l’hébreu, nage deux kilomètres par jour, s’inscrit à l’université du troisième âge et joue du piano quotidiennement pendant trois heures. Peu après son arrivée à Londres, elle est atteinte d’un cancer mais elle parvient à vaincre la maladie avec la force et l'énergie de ceux qui reviennent de loin… 
Mais le sort s'acharne et le 13 novembre 2001, à l'âge de 98 ans, elle affronte ce qu’elle appelle « le plus grand drame de sa vie » : son fils Rafi décède brutalement à l’âge de 63 ans. Bien qu'elle ait survécu à l’enfer de Terezin sans jamais cesser de jouer... à la mort de son fils, pour la première fois… la musique s’arrête ! Mais une nouvelle fois, Alice surmonte cette épreuve avec courage et détermination comme toutes les grandes tragédies de son existence. Elle préfère aller de l’avant car elle est persuadée que chaque jour est un miracle et que la vie est un merveilleux cadeau bien trop éphémère pour s’apitoyer sur son sort.  

Alice et son fils 

La sagesse du grand âge

Depuis la mort de Rafi, Alice habite toujours au numéro 6 de son petit immeuble de Londres. Ses voisins la surnomment affectueusement « Alice la pianiste » et règlent leurs pendules tous les jours à 10 heures pour l’écouter jouer. Ils sont bluffés par la maîtrise et la dextérité de cette musicienne centenaire. 
Ses amies, survivantes des camps et musiciennes, comme elle, lui rendent visite régulièrement. Elles ne se plaignent jamais. Elles ont cette sagesse de la vie propre à ceux qui ont survécu à l’enfer mais elles reconnaissent toutefois que la musique constitue désormais leur seule raison de vivre. 
Alice en est d’ailleurs persuadée, elle a vécu en musique… elle mourra en musique

Alice Sommer Herz, survivante de l’Holocauste, pianiste émérite, mère dévouée et éternelle optimiste s’est éteinte le 23 février 2014 à l’âge de 110 ans. On retient d’elle une formidable leçon de vie et de sagesse, et le souvenir d’un incroyable appétit de vivre… en musique, naturellement !

Retrouvez l'histoire d'Alice Sommer Herz dans le film documentaire "La Dame du 6" récompensé par l'Oscar du "Meilleur court métrage documentaire" :
 



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