Piano 25 septembre 2019
Des pianos parachutés pendant la guerre
Durant la Seconde Guerre mondiale, près de 3000 pianos Steinway ont été parachutés au-dessus des camps alliés afin de divertir les troupes…

L'armée américaine commande 3000 pianos
En juin 1942, alors que la guerre bat son plein, l’usine Steinway de New York est réquisitionnée par le gouvernement de Roosevelt. La plus célèbre fabrique de pianos au monde contrainte de cesser son activité en raison des restrictions gouvernementales sur le cuivre et autres matières premières, est alors mobilisée pour construire des planeurs en bois destinés à ravitailler les troupes situées derrière les lignes ennemies. Toutefois, quelques mois plus tard, elle reçoit l’ordre de relancer sa production. Une commande de quelque 3000 pianos vient d’être effectuée par l’armée américaine. L’objectif ? Remonter le moral des troupes grâce à la musique…

Le Steinway Victory, un piano de guerre
En un temps record, Steinway invente et conçoit le piano Victory, connu également sous le nom de GI piano. Il s’agit d’un modèle unique, conçu pour résister aux chocs. Un piano suffisamment robuste pour supporter l’atterrissage musclé d’un parachutage. Pensé pour affronter les pires conditions climatiques, l’instrument subit un traitement spécial pour survivre à l’humidité omniprésente sur les champs de bataille. Le Victory qui pèse 250kg est équipé de poignées pour être transporté facilement par quatre hommes. Et comme le détail fait la différence, le piano est décliné en trois teintes différentes selon les corps d’armée, vert olive pour l’armée de terre, bleu pour la marine et gris pour l’armée de l’air.

Quand la musique réconforte les soldats
En 1944, des Victory sont parachutés en Normandie où quatre des fils de Théodore Steinway alors président de la firme, luttent aux côtés des troupes françaises. Ces pianos tombés du ciel sont une véritable bouffée d’oxygène pour les soldats plus habitués au bruit assourdissant des tirs qu’à la douce mélodie du piano. Autour de l’instrument, des hommes épuisés par la guerre, vivent d’intenses moments de partage et de camaraderie. Des instants qu’ils n’oublieront jamais comme le rapporte le soldat de deuxième classe, Kenneth Kranes, dans une lettre écrite à sa mère peu de temps avant sa mort : « Lorsque nous nous sommes rassemblés autour du piano pour chanter, le temps s’est arrêté et nous avons oublié la guerre l’espace d’un court instant… Je me suis endormi le sourire aux lèvres et aujourd’hui encore je fredonne les airs que nous avons chantés… ».